BLOCKCHAiNGING

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Améliorer son application industrielle grâce à la BLOCKCHAIN ?

Actuellement en plein Hype, les vocables Bitcoin, Blockchain, Cryptomonnaie suscitent à la fois beaucoup d’intérêt mais aussi de la confusion.
La Blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle (définition de Blockchain France).

Date: 26 février 2018

Domaine: Transport & logistique 

Auteur : Lotfi Guedria

La Blockchain n’est pas le Bitcoin ! Il existe une multitude d’implémentations différentes du concept de la Blockchain.Le Bitcoin en est une. En effet, il existe deux modes de déploiement de la Blockchain : publique et privée. La publique est connue sous le terme anglophone « Permissionless » et est ouverte à tout le monde. Quant à la privée, elle est connue sous le terme anglophone « Permissionned » et est restreinte à un consortium prédéfini.
Au CETIC, nous nous intéressons plutôt à la Blockchain privée. Nous définissons trois points importants qu’une entreprise doit explorer afin de bien identifier ses besoins par rapport à la Blockchain privée et ainsi, migrer vers une solution plus sécurisée et partagée grâce à cette technologie. Les trois points considérés sont :

  1. L’importance du numérique : La Blockchain est une structure de données dématérialisée, il est donc impératif de numériser les données.
  2. Identifier son consortium : L’objectif premier de la blockchain est de partager des informations sécurisées entre plusieurs personnes et/ou entités ne se faisant pas nécessairement confiance.
  3. Faiblesse et Menace : Inspirer de la méthodologie SWOT, cette partie a pour objectif d’identifier les problèmes internes ou externes d’un produit. Une fois les enjeux identifiés, il est possible d’analyser le potentiel de la Blockchain.

Exemple d’application

Afin de bien motiver l’utilité et la nécessité de la Blockchain, nous définissons dans cet article un exemple d’application inspiré du transport maritime de marchandise. Aujourd’hui pour transférer un conteneur d’un pays A vers un pays B, il est impératif de se munir d’une multitude de documents provenant de plusieurs acteurs (autorité, armateur, expéditeur, destinataire, …) et devant tenir compte des contraintes spécifiques à chaque pays (langue, administration, taxes, …).
Dans ce contexte, nous introduisons trois points sur lesquels nous allons nous baser pour bien montrer les limites et les lacunes des systèmes actuels.

Point 1 : Importance du Numérique

Dans le monde actuel, il est important de bien comprendre les enjeux de la numérisation de nos données. Les principales forces de la numérisation sont la libération d’espace physique, le partage des documents avec nos collaborateurs en leurs associant des droits d’accès selon leurs rôles, la création d’un historique de l’utilisation de nos données et l’augmentation de la productivité grâce au partage.
Dans l’exemple considéré, la numérisation n’est pas un fait avéré. En effet, certains pays ont franchi le pas de la numérisation. Cependant, il reste encore de nombreuses administrations n’acceptant que les documents papier. La contrainte des documents physiques entraîne de nombreux inconvénients. Le premier est le transport des documents papiers qui est fort exposé aux problèmes de pertes et détériorations. De plus, avec de tels processus, le partage de l’information n’est pas simple et il est donc très difficile de paralléliser des tâches administratives par exemple. En revanche, les administrations qui ont franchi ce pas disposent de possibilités accrues pour partager facilement les données et donc anticiper plusieurs actions (demande de certificats, marchandise en transit, taux d’occupation du port, …). Les challenges induits par la numérisation sont liés à la répartition des rôles (qui possède les informations, qui accepte de payer pour la stocker, qui est responsable de la sécurité contre les cyber-attaques).
En se basant sur l’exemple ci-dessus, plusieurs questions se posent : Avec qui et comment partager nos données ? Comment garantir l’historique ? Comment se protéger des cyber-attaques ?

Point 2 : Identifier son consortium

Dans cette partie, nous ne cherchons pas à mettre en avant la cible de notre produit ni le type du marché, mais plutôt le partenariat entre plusieurs entités. Aujourd’hui, il est très compliqué de développer et d’enrichir son produit sans collaborer avec d’autres organisations. C’est pour cela qu’il est primordial d’identifier son futur consortium afin de bien supporter son produit (c’est-à-dire coût/délais/qualité).

Pour notre exemple, l’expéditeur doit se munir d’un ensemble de documents afin de prouver l’identité et l’intégrité de son conteneur. Cependant, dans le contexte maritime, pour un simple transport, le nombre d’acteurs peut représenter une vingtaine d’entreprises et d’entités administratives. L’expéditeur n’est pas forcément en contact avec tous ces intervenants et il est lourd et difficile de tout contrôler de bout en bout.

Cet exemple nous laisse poser la question suivante : Comment connaître tous les acteurs ? Et, comment garantir leurs intégrités morales (relation de confiance) ?

Point 3 : Faiblesses et menaces

Cette partie s’appuie sur la méthode d’analyse SWOT : « Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités), Threats (menaces) » appliquée à la mise en place d’un d’un produit ou d’une application. Les points négatifs se décomposent en deux parties. Les Faiblesses qui sont propres au produit étudié (par exemple le niveau technologique, la notoriété, le réseau de partenaires, …). Les menaces correspondent à l’environnement dans lequel évolue le produit (un nouveau concurrent, une nouvelle technologie, une nouvelle réglementation, ...).
Pour notre exemple, les acteurs du transport du conteneur ont pour objectif soit de créer, modifier et/ou contrôler des documents. Chaque intervention peut potentiellement être la source d’erreurs pouvant aller de la simple faute de frappe à la falsification d’un document. De plus, ces documents fournis par de nombreux acteurs (par exemple un contrat de la marchandise, un certificat du port de chargement, contrat d’affrètement, …) sont remis à l’expéditeur qui est garant de ces informations.
En se basant sur cet exemple, nous posons les questions suivantes : Comment transformer la faiblesse des documents papiers en opportunité ? Comment palier à la menace de l’intégrité des documents partagés entre les partenaires ?

Potentiel lié à l’exploitation de la blockchain

Nous avons identifié dans la partie 1, « importance du numérique », les challenges liés aux partages et à la sécurisation des données. Dans la partie 2, « Identifier son consortium », les contraintes de confiance et de transparence sont mises en avant. Pour finir, dans la partie 3, les faiblesses et les menaces par rapport au déploiement du produit sont abordés.
Par rapport à cette analyse préparatoire, l’objectif est de mieux cerner le potentiel de la technologie Blockchain pour son propre « Business case », les contraintes associés ainsi que les actions éventuelles à prendre pour mieux en tirer bénéfice.
Pour rappel, une Blockchain permet de répliquer un registre partagé entre les membres du consortium. Les instances de registre valident puis enregistrent et synchronisent entre elles toutes les transactions et ce de manière sécurisée. Les transactions sont techniquement produites par l’exécution de contrats intelligents (en anglais « smart contract ») qui sont en substance des programmes informatiques réalisant automatiquement des opérations définies et convenues entre les acteurs de la Blockchain mise en place. Techniquement un « smart contrat » doit être encodé et attaché à la Blockchain. Pour réaliser des transactions au travers d’une Blockchain, les entités se mettent d’accord sur le type de contrat automatiquement exécuté. Selon les besoins, la Blockchain permet de tracer les intervenants ou les modifications de façon fiable et immédiatement accessible à tous les intervenants grâce à la synchronisation automatique des instances du registre partagé.

En conclusion, la Blockchain est un Framework qui permet de rapidement partager des informations sécurisées entre plusieurs entités partenaires. Cette technologie offre un potentiel réel pour une meilleure traçabilité et sécurisation des transactions autour d’un produit ou un service mettant en jeu des interventions de plusieurs entités. Il implique néanmoins différentes dispositions organisationnelles et techniques, telles qu’abordées ci-dessus, afin de pouvoir être déployé et exploité de manière efficace.